Entre deux nuages de Jean-Louis Massot, éd. Bleu d’encre
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Chez Jean-Louis Massot, si on secoue le poème on voit des nuages s’envoler par tous ses orifices et quelque chose me dit que l’inverse devrait être vrai mais plus difficilement vérifiable.
Ce recueil fait penser à « Aussi les gens » du même auteur, chroniqué un peu plus haut ou un peu plus bas, enfin au printemps dernier. Les nuages sont aussi des gens tout à fait fréquentables surtout si on vit en poésie. Les nuages, on se délecte avec leurs noms, on en ferait presque un peu trop dans la délectation à pousser à fond le curseur lexical, mais on se délecte aussi du un peu trop. Parce que oui on en apprend de jolis mots qui sonnent bien, que le correcteur souligne, mais qui ont de belles définitions, les lacunosus dorés (qui nappent le ciel au crépuscule) et le triste frelampier (homme de néant, inutile), le champ de stratiformis et des fibratus si légers.
On s’allonge sur le sol et on regarde au ciel les merveilleux nuages qui passent là-bas, ignorant les frontières des hommes, on tient un moment à distance la bêtise méchante de certains. On se dit qu’on est bien ici toujours un sourire au coin de ce cœur d’artichaut qui accueille sans chichis le poème migrant tout plein de ses copains, les nuages.
« De quelque mer qu’il viendra le / poème nous lui proposerons / une / tasse de café ou de thé / s’il préfère cette boisson, / mais / peut-être ne voudra-t-il seulement / qu’un verre d’eau fraiche dont / il / aura rêvé tout / le temps de sa longue / errance jusqu’à nous. »
Et aussi, les illustrations en rouge (un peu) et noir (beaucoup) d’Olivia HB sont de toute beauté.