Sur la route je t’ai rêvée, c’est tout ce que je voulais dire

Dans la rosée du soir comme un baiser de lune,
On s’enfonce furtifs sur la terre des phrases,
chacun son rythme et sa façon, chacun son pas,
la trace des années neigeant sur nos cheveux.

Nos métaphores fragiles sont à l’affût
d’autres matins puisant le jour à l’épuisette,
quand on parle à l’oiseau et que l’envol nous guette,
quand on cherche la voix, le chant, l’ardeur, la trille,
l’odeur des commencements. On s’en va pour écrire
l’écho des grandes plaines, le vent des vieux hivers.

On pense avoir laissé nos chaînes et nos cages
dans le ravin là-bas où finit le chemin.
On donne vie au temps qui nous traîne et dessine
des rides de fortune et ce tendre naufrage,
ces êtres de passage qui ressemblent aux nuages
à nos bêtes qui nous regardent et disparaissent.

Rentre mon ami, ma bête, rentre dans le sac.
Je vais rattraper nos enfances en pèlerin,
préparer le retour, trouver au fond du lac
la berceuse balancée dans la douceur des voix,
les draps blancs des familles où transpirent les rêves,
toujours un peu bancals, on dit que c’est normal.

Mais qu’importe ! On saura les imprimer encore
les nuits de lune et de neige sous les mélèzes
qui emmêlent nos yeux à leur musique mauve.