Les moissons du bitume

Sur la route je t’ai rêvée
paysage maisons platanes lampadaires
vignobles et champs de blé.
On a roulé longtemps pour trouver l’artère principale
d’une ville à bâtir, une sainte relique.

Un effleurement de cheveux, la fraîcheur d’une voix
dévoilent en délicatesse
comment passent les années,
comment circule le sang,
des fourmis dans les globules,
des voiliers dans les veines,
des violons aux vagues fabuleuses,
une petite porte au tournant de la ruelle.

Des nuages malades nous dessinent des ailes.
On frotte nos langues aux fenêtres des chambres
d’où l’on contemple des jours qui n’ont pas de nom.

On fait rimer nos fils d’errance
aux miroirs de nos rues, aux moissons en avance
à la rose des vents, au souffle sur la vitre.

On boit l’éternité en faisant un nœud à nos regards
qui marchent paisibles sur le trottoir
où l’on entend pousser les blés, voler les hirondelles.