Parfum de fleur, frisson du vide
C’est une fleur au bord du vide, un éboulis
un rayonnement tendre de pétales roses.
Dans la fièvre et la tempête de nos maisons,
il y a toujours une fleur au bord du vide,
et bien sûr la rivière pour emporter la vie
depuis la nuit des temps, depuis le chant des plaines.
La rivière joue à noyer les vieilles folles,
les pauvres gars, ceux qui tendent leurs bras au vide,
une poignée de chiens perdus prêts à sauter
au fond de leur gamelle de fidélité.
Des anges fraternels leur caresse la truffe.
De lourds nuages noirs coulent sur leur pelage.
Mais un soir ils s’arrêtent là pour respirer
cette fleur en équilibre à flanc de falaise
et ronger avec elle les os du désert
un monde de vieille folles, de chiens poètes.
C’est une pastorale de présences douteuses
que nous jouions sur la corde des émotions
dans ce décors de précipice, de belvédère
dessus nos cœurs effilochés qui s’accrochaient
à chaque pierre. On respirait tant bien que mal
lorsque la lumière comme une graine sèche
s’appliquait pour tout effacer en un frisson.