Une amie vient de me faire découvrir cet affriandant poème et cet ananar auteur.
Pisser face au soleil et péter dans le vent
de Jules Fortuné, poète paysan du Poitou
Pisser face au soleil et péter dans le vent,
C’est de la liberté la vérité première,
Car en cambrant les reins en plein dans la lumière
Et pour guider le jet arrondissant la main,
On se trouve faraud parmi tous les humains.
Hypocrite bourgeois qui te voiles la face,
Regarde donc un peu un homme de ta race
Pisser face au soleil et péter dans le vent
Avant de se coucher et puis en se levant.
Pisser face au soleil et péter dans le vent
A toujours ébloui mon âme libertaire,
Voulant directement remettre à notre terre
De son vin généreux le pauvre résidu.
Je sais que l’on prétend que je n’aurais pas dû,
Et la bigote outrée, horrifiée et hagarde,
Ne croit pas que son Dieu, qui pourtant me regarde,
Doit se frotter les mains en me voyant souvent
Pisser face au soleil et péter dans le vent.
Pisser face au soleil et péter dans le vent,
Je sais que l’on admet, sur notre terre ingrate,
Que le malheureux chien puisse lever la patte
Et que le ruminant, créant tout un ruisseau,
N’a jamais pu troubler vos cervelles de sots.
Vous détournez les yeux pendant que je vidange,
Mais vous froncez le nez car ça sent la vendange,
Quand je pisse au soleil et pète dans le vent.
Des sujets féminins s’en vont tout en rêvant …
Pisser face au soleil et péter dans le vent,
Vous qui vivez serrés un peu comme des moules,
Cet acte merveilleux vous fait tourner la boule.
La morale et la loi pourtant vous ont traqués
Et, croyant vivre heureux, vous vous êtes parqués.
Vous pouvez bien, les gars, gagner de la galette,
En avoir, après tout, une pleine mallette.
Il n’est qu’un homme au monde, et c’est le paysan,
Pour pisser face au soleil et péter dans le vent.
Pisser face au soleil et péter dans le vent,
Avant que le grand froid ait gagné mes vertèbres,
Que mon âme ait sombré dans les grandes ténèbres,
Que tout soit effacé, qu’il ne reste plus rien,
Que l‘on dise partout: « Ce n’était qu’un vaurien. »
Je voudrais demander à cette providence
De bien me soulager à la même cadence,
De pouvoir chaque jour, et ça pendant longtemps,
Pisser face au soleil et péter dans le vent.
Jules Fortuné, paysan amoureux de la terre qu’il travaillait, poète rabelaisien et humaniste militant,
Jules aspirait à une société qui redonnerait dignité aux plus démunis, il rêvait d’un monde égalitaire,
sans exploiteurs ni exploités.
https://www.youtube.com/watch?v=AApqoRJyOYI
et plus si besoin
http://canardpacom.chez.com/20poemes.htm