Quelques fantômes autour d’un feu de bois
Se souviennent des couleurs

Dites-moi encore que c’est elle qui revient
que c’est toujours la nuit qui parle et nous traverse
avec des rubans d’hirondelles et des poches trouées,
le désir de marcher le long de quais déserts
de marcher hors du temps avec pour tout papier
une poignée de vers en rade sur un radeau
à la dérive. Elle dit le battement d’aile
de l’oiseau qui ne trouvera pas la sortie.

Dites-moi les minuits de fête de l’autre côté du monde.
Elle dit encore qu’il a fallu tricher un peu,
porter ce poids de honte que l’on retient si mal
agiter dans son chapeau, les grands mots qui germent
presque chaque semence mais ne produiront rien.

Elle dit la maigre récolte dans le fossé,
les déchirures qui nous collent à la peau,
une ruine cachée couverte de feuillages,
un cerisier près d’un ruisseau, l’écho d’enfances
Inoubliables et oubliés, tout est passé trop vite.

Les morts alignés dans la prairie, elle dit
que tout reste à faire pour nommer chaque chose,
pour nommer la douleur, ce tremblement des doigts,
retrouver des pâleurs de neiges éternelles
puis vêtir le ventre de nos nuit de délices, de couleurs.

Nous l’écoutons assis en rond autour du feu
épaule contre épaule avec quelques fantômes
pendant que sèchent les draps blancs sur les clapiers
et que battent nos cœurs pour quelques promenades
autour de la maison