Éditions du petit pavé, https://www.petitpave.fr/petit-pave-veille-rideau-pluie-819.html

Ce n’est certainement pas la vie rêvée ce rideau de pluie. À défaut on garde la vie paisible, celle où l’on veille sur les mots qui apaisent. On célèbre la beauté à mi-voix. La mémoire est là avec ses échardes certes, mais aussi la démesure d’une main donnée un dimanche à l’ouverture du ciel, au velours de la mer, sa rumeur derrière les dunes. C’est alors le meilleur du jour qu’on nous sert, des grappes de soleils à venir. Et nous voilà oscillant encore entre ce qui saigne et ce qui soigne « À l’affût toujours / à capter le tempo du sang / la dérive du désir / dans le souffle des jours ». Reste sur le pavé un sourire déposé, amical, éphémère, et nous, blottis « dans l’encoignure de la pluie ».

« Du malheur de l’homme », Chiendents n°141, éd. du petit véhicule, https://lepetitvehicule.com/produit/chiendents-n141-jean-noel-gueno-du-malheur-de-lhomme/

C’est sûr, toute cette fonte à hisser du fond du puits, ça lui casse le dos à l’homme. Et le voilà tout courbé à marcher, claudiquer au vent, comme un automate et ressasser le vieux malheur toujours triomphant. Et il ressasse et il ressasse à fond et en apnée, il fore dans la bouillasse et vomit du monde malade puis enfin, à force de souffrance, découvre qu’il est capable au final de domestiquer « les monstres quotidiens / et leur écho infini dans la cage des corps », et créer force, espoir et rage de vivre. Donc ça valait le coup de se casser le dos (cqfd)